Une enzyme intestinale à même de modifier le sang…
À la faveur du 21 août 2018 à Boston, une équipe de chercheurs de l’université de la Colombie-Britannique a présenté quelques-unes de ses conclusions. C’était au cours de la 256e exposition nationale de l’ACS (American Chemical Society) qu’un chercheur a déclaré avoir mis au point une enzyme aux propriétés exceptionnelles.
Nanabio tient à souligner qu’il existe quatre groupes sanguins : A, B, AB et O; en effet, cette enzyme serait trente fois plus pertinente que les autres molécules, du moins que celles précédemment expérimentées dans le but d’obtenir une conversion, c’est-à-dire de passer d’un groupe sanguin A ou B vers un O; autrement dit celui des donneurs universels.
Cette protéine est attenante au microbiote intestinal. La protéine est exploitée afin d’ôter les sucres présents sur la paroi digestive pour les consommer. De ce fait, les hydrates de carbone sont comparables aux antigènes de la surface des globules rouges (types A et B). Il est à noter que leur absence indique un groupe sanguin de type O. C’est donc ce qui fait la particularité d’une telle enzyme dite « anonyme ».
Si pour l’heure le directeur de l’étude (Stephen Withers) refuse d’en dévoiler davantage, celui-ci promet d’en divulguer bien plus à l’occasion de la parution prochaine de ses résultats dans une revue scientifique. Suite à la séparation de l’enzyme bactérienne, le directeur de l’étude déclare avoir procédé aux expériences antigéniques de la Croix-Rouge (canadienne) dans l’objectif de démontrer son efficience.
Cette avancée se fonde sur le recours à un procédé novateur. Il s’agit de la métagénomique qui est une méthode axée sur l’analyse génétique dans des contextes naturels complexes.
S’agirait-il d’une méthode miraculeuse pour transformer n’importe quel groupe sanguin en O(donneur universel) ? Pour l’heure, Sylvie GROSS qui n’est autre que la directrice médicale de l’Établissement français du sang attend d’en savoir davantage avant de se prononcer…
Toujours d’après la directrice de l’EFS, la pratique de cette technique est limitée puisqu’elle concerne uniquement les incompatibilités du système ABO et qu’il existe à ce jour 36 autres systèmes. Il est important de tenir compte du fait que les chercheurs découvrent généralement un nouveau système par an.
Doit-on pour autant parler d’une révolution dans le domaine de l’hématologie ?
Tout porte à croire que la découverte des propriétés d’une telle enzyme est un progrès considérable et qu’il faudra à nouveau ouvrir et fermer bien des portes avant de parvenir à un sang dit « universel ».
Il convient de ne pas s’emballer trop vite, car même si une équipe de chercheurs réussissait à créer un « sang universel » dans les années à venir, nous aurions toujours besoin de donneurs. Actuellement, les chercheurs à l’origine de la découverte de cette enzyme ambitionnent la validation de son efficacité, et ce dans le but de réaliser des tests cliniques. Par conséquent, même si ce progrès est prometteur, il va sans dire que ce n’est malheureusement pas demain la veille que ces enzymes se retrouveront dans tous les hôpitaux.